(VI & Caitlyn) Après la fin

Ses cris raisonnaient dans ma tête, hurlant alors que les flammes ravageaient la salle du conseil de Piltover. Une partie d’un mur et des décorations venaient de tomber encore sur ce que j’espérais être une rue vide de monde. Caitlyn était encore faible, sûrement dû à ce que Powder avait dû lui faire, je ne pouvais imaginer ce qu’elle lui avait fait subir avant d’arriver à la table et je la portais comme je pouvais. Elle boitait encore alors que nous remontions les docks pour rejoindre la Haute Ville. D’où nous étions, nous pouvions entendre les Pacifieurs qui tentaient de calmer l’agitation sur les ponts. Je l’aidais à se déplacer jusqu’à une caisse proche de l’eau et je la soutenais pendant qu’elle s’asseyait dessus. Sous la lune rouge, rouge comme le sang qui avait coulé cette nuit, je tentais de la calmer, caressant sa joue, la regardant dans les yeux.

« Cait’, Cait’, Cait’, je sais … je sais que tu es perturbée, secouée, fâchée, énervée, je sais ce que tu penses, ce qui traverse ton esprit, je … je sais … je sais … que la roquette elle … enfin que ta … écoute, on ne sait pas. On ne sait pas si ta mère était bien dans le bâtiment quand ça a explosé. Si … si ça se trouve … elle n’y était pas. J’espère, non je prie même qu’elle n’y soit pas, mais on n’en sait rien. Actuellement, on n’en sait rien. Ce que je sais, c’est que la ville va être bouclée et je dois voir si … si on peut passer par le pont. Je vais juste regarder, voir si c’est bouché, si les Pacifieurs bloquent ou si les Zauniens en profitent pour tenter un push. Je reviens, vraiment au plus vite, je te le jure. Je ne t’abandonne pas, je ne t’abandonnerai jamais, mais pour me mettre en hauteur, je ne peux pas te porter. Ok ? Bon je reviens. »

Caressant encore une fois sa joue, je me retournais et commençai à grimper sur la fenêtre d’une maison, puis sur un balcon, avant de sauter sur le mur d’un entrepôt. Encore équipée d’un gant, je pris de l’élan avec une poussée Hextech et l’utilisai pour atteindre le dessus d’une usine. Je pouvais et devais prendre de la hauteur pour mieux voir ce qu’il se passait sur le pont. Arrivé là où je le voulais, j’inspectais au loin et effectivement, comme je le craignais, les barrières étaient levées et des troupes de Pacifieurs étaient bien présents. Armés, ils pointaient leurs armes sur des Zauniens énervés qui tentaient de forcer le passage. Des tirs se firent entendre. Il allait être très difficile de passer par là. Il était possible aussi de voir les flammes qui prenaient encore de l’ampleur sur la tour du conseil, alors que les premiers secours semblaient arriver sur place pour éteindre l’incendie. Je tentais de comprendre pourquoi Powder venait de faire ça, pourquoi elle avait décidé de ne pas accepter sa proposition de partir avec moi. Pourquoi elle avait tant changé et pourquoi je n’arrivait plus à être la grande sœur qu’elle avait besoin. Ne voulant pourtant pas laisser Caitlyn trop longtemps seule, je commençais à amorcer ma descente. Atterrissant à quelques mètres de mon cupcake, je m’approchais rapidement d’elle et la prise dans mes bras.

« Tes collègues bloquent l’accès à Piltover, je te confirme que ça va pas le faire de passer par là. Y’a aussi tout un tas de Zauniens qui veulent en profiter pour foutre le boxon. Je … je ne sais pas si … Enfin c’est une idée, mais tu n’as pas une insigne, un symbole ou n’importe quoi pour nous faire passer les Pacifieurs ? Mais si on veut passer la foule en colère, il va falloir te changer. Ils lapideraient un Pacifieur s’il passait entre eux pour le moment. Dommage que tu n’as plus la tenue de l’autre fois, tu étais jolie dedans. Enfin bon … c’est une proposition, à moins, que tu es une meilleure idée. »

Je hurlais, de toutes mes forces. Je hurlais mon désespoir, alors que les larmes roulaient sur mes joues sans que je ne puisse les arrêter. Je tremblais de tout mon corps, corps qui m’était atrocement douloureux. J’étais éreintée, fatiguée, épuisée, exténuée. Mentalement et physiquement. Je n’en pouvais plus. C’était de trop, bien trop que je puisse réellement encaisser. Je perdais pied.

“Elle y était, Vi. Il y avait un conseil, il y avait un conseil.”

Je répétais cette phrase, en boucle, en sanglotant. Les paroles de Vi me firent taire, m'apaisaient un peu, bien que je ne les compris que partiellement. Je ne voyais pas ce qui m’entourait, ma vue étant brouillée par les larmes. Seul le contact de sa main contre ma joue réussit que partiellement à me garder un temps soit peu l’esprit clair.

J’acquiesçais d’un mouvement de tête, afin de signifier à Vi que j’avais compris ce qu’elle avait l’intention de faire. J’étais désormais seule, durant un temps qui me semblait incroyablement long. Un énorme bruit attira mon attention. Du revers de la main, je frottais mes yeux, qui s’écarquillaient d’horreur en constatant que la tour du Conseil s’effondrait. En même temps que je voyais cette tour, s’écrouler sur elle même, je voyais au même moment ma vie se détruire.

Je ne pouvais pas rester là, sans rien faire. Je devais aller aider ma mère, la retrouver, la sauver. Je tentais de me lever. Mais à peine avais-je fait deux pas que je tombais à genoux. De rage, un autre hurlement sortit de ma gorge,, je frappais le sol, si fort que je m’en blessais les mains.

Je ne sentis que quelques minutes après les bras protecteur de Vi, qui m’entourait. Elle me donna encore tout un tas d’informations, que je tentais d’assimiler. Les Pacifieurs bloquent le pont. On ne pourra pas passer. Voilà tout ce que j’avais retenu de tout ce qu’elle m’avait dit.

Je regardais VI, me perdant dans son regard afin de trouver un point auquel je pouvais me rattacher. Je tente de me calmer, de reprendre un peu de contenance. Mon regard déviait par moment sur cette tour qui n’était plus que l’ombre d’elle-même. Je ne ne parvenais pas à réfléchir.

“Je … Je ne sais pas, Vi.”

Plus grand chose m’importait à vrai dire. Qu’ils me lapident, qu’ils me torturent, qu’ils me tuent. Je n’en avais plus rien à faire. Je sentais un rage, une colère pour le moment sourde. Ce qu’ils me faisaient subir, je voulais le leur rendre au centuple.


“J’ai mon insigne. Mais je n’ai pas de quoi me changer.”


Je fini par regarder ma comparse, d’un regard suppliant. J’avais besoin de partir. De quitter cet endroit. Rentrer à Piltover n’était visiblement pas envisageable. Soit, mais partons … n’importe tout.

“Vi … Emmène moi. Loin de toute cette folie.”

Ma tête tomba sur son épaule.

“Je t’en prie. J’ai l’impression de devenir folle. Partons … N’importe où. Partons, et sors moi de ce cauchemar…Je veux me réveiller et que tout ceci s'arrête, que ce n'était qu'un stupide rêve.”

« Cait’, écoute moi, on va faire mon idée, OK ? Je sais que ce n’est pas la meilleure, mais c’est une technique qui peut marcher. Je vais te trouver de quoi te changer et on va traverser la foule. Je vais te ramener à Piltover et tu vas rentrer chez toi, OK ? On va se renseigner et on va voir si ce qu’on pense est vrai … Je … Je ne peux pas te promettre qu’elle n’a rien, juste que je te jure que tu rentreras chez toi rapidement. Je … je vais juste trouver de quoi te changer, ça doit pas être compliqué je connais ta taille par cœur. A l’œil on va dire. »

Je la reposai sur la caisse délicatement évitant qu’elle ne soit choquée par la pose, lui caressant de nouveau la joue avant de partir vers une rue annexe. M’éloigner me serrait le cœur, car je savais qu’elle avait besoin de ma présence là, mais je ne voulais pas prendre le risque qu’elle traverse la foule avec sa tenue de Pacifieuse. Le désavantage avec les docks, c’est qu’il y avait peu de monde en soirée, la majorité étant retournée vers les Voies pour profiter de l’afterwork. L’avantage c’est qu’il y aurait peu de témoins. Après avoir couru un peu passant d’une rue à l’autre, mon choix se porta sur une meuf avec un style assez néogoth isolée et particulièrement éloignée de la vue de qui que ce soit. Je lui fis un petit signe de la main, elle semblait surprise de ça, regardant d’abord autour d’elle pour voir si ça lui était destiné. Un petit sourire et elle s’approcha. Sans même me dire bonjour, elle me demanda ce que je lui voulais avec un léger regard intrigué. Sans lui répondre, je la prise par la main et me dirigea vers une ruelle. Elle se laissa faire, se mordant les lèvres avant de ramasser subtilement un coup derrière la tête, elle tomba au sol dans un bruit lourd et je devais juste la cacher derrière quelques caisses.

« Désolée girl, mais j’ai zéro scrupule quand il s’agit d’aider ma Caitlyn. »

Sans aller plus loin que le strict nécessaire, j’enlevai la veste, la jupe, les bottes, et le top qu’elle portait. Ce ne serait pas la première personne à se faire détrousser sur les docks, mais je la cachais quand même bien pour éviter qu’elle ait des soucis en plus. Pliant légèrement le tout, je regardai si personne n’avait été témoins de la scène, avant de retourner rapidement vers ma cupcake. M’approchant de la belle policière, je lui fis un sourire, lui prise la main et lui tendit la tenue.

« Hey, regarde je suis là. Je t’avais bien dis que je te trouverai un truc. Bon ce n’est pas parfait comme tenue, mais je pourrais te porter sans que la foule ne t’attaque. Ok ? »

Reculant de quelques pas, je me dirigeai vers le mur le plus proche. Je chargeais la puissance dans le seul gantelet qu’il me restait et d’un coup de gant Hextech, je forçai la porte de l’entrepôt à côté et lui fit signe d’entrer. Il n’y avait pas de bruit à l’intérieur et les cargaisons de poissons étaient assez nombreuses pour que Caitlyn puisse changer de tenue discrètement.

« Tu vas pouvoir te changer au calme sans que personne ne te vois, moi je vais garder l’entrée ici au cas où des gens passeraient. Bon pour la tenue, c’est pile ta taille et ça t’irait super bien. Dès que tu es prête, reviens vers moi et je te porterai vers Piltover. Ok ? »

Vi ne semblait pas comprendre. Je voulais m’éloigner de toute cette agitation, alors qu’elle voulait m’y plonger. Je ne trouvais cependant pas la force de m’y opposer. Je l’attendais, patiemment, le visage dissimulé entre mes mains. Mes larmes continuaient à couler le long de mes joues. J’étais épuisée.

Ce n’est que quelques minutes plus tard que Vi revint vers moi, ou quelques heures peut-être. Mon esprit tourmenté m’empêchait d’avoir une réelle notion du temps. Son absence me parut une éternité. Lorsqu’elle me présenta des vêtements, je posai mon regard sur elle. Mes yeux, étincelants habituellement de curiosité semblaient vides, dénués de tout sentiments ou ressentis. Je ne me posais même pas la question d’où elle avait trouver ces habits, aussi étranges soient-ils. Tel un robot, je me levais, m’apprêtant à docilement me changer. Ce n’est que lorsqu’elle força la porte d’un entrepôt pour me permettre de me changer en toute intimité. Tel un automate, je me dirigeais vers l’endroit, je ne pris pas vraiment la peine de me dissimuler correctement. Ainsi, je me déshabillais totalement dans le champ de vision de la Zaunienne, sans même m’en rendre compte.
Une fois prête, je reviens vers Vi, alors que je regardais plus en détail ma tenue.


“Vi … Tu ne penses pas que cette jupe est un peu trop courte …?”

Je tirais un peu sur le cuir, tentant de baisser cette jupe à une taille plus acceptable. En vain. Le vêtement était noir, fait de cuir et parsemés de chaînes en tout genre. Le haut, un corset dans le même esprit, épousait parfaitement la taille, mettant un peu trop en valeur à mon goût mes formes féminines. Les bottes, à la semelle imposante, remontaient  jusqu'à mes genoux. Je n’avais pas pour habitude de m’habiller de la sorte … Mais je n’y prêtais que peu d’attention au final. Le décor autour de moi se mit à tourner, sans que je ne pris la peine de bouger.


“Vi …”

Je m’approchais à nouveau de VI, mes blessures me faisant boiter et je finis par tomber dans ses bras. Je fermais les yeux alors que mon visage, partiellement dissimulé quelques mèches violettes, vint se réfugier dans son cou. Son odeur eut pour effet de m’apaiser. Mes paupières se fermaient, alors que je luttais difficilement pour rester éveillée.


“Partons je t’en prie. Je n’en peux plus”

Je n’avais pas pour habitude de paraître si vulnérable. Je n’aimais pas cela. Mais je savais que je pouvais lui faire confiance. A elle seule, je pouvais lui faire confiance… Mon corps me lâchait, si Vi ne me rattrapait pas, je tombais à coup sûr à terre à ses pieds. Heureusement je pouvais compter sur ses bras puissants et protecteurs.

Ne voulant pas profiter de la situation, je tentais de ne pas regarder Caitlyn qui se changé, mais juste pour sa sécurité je devais de temps en temps jeter un coup d’œil dans sa direction. Mon regard resta quelques instants bloqués sur ses sous-vêtements alors qu’elle se penchait pour remonter la courte jupe vers sa taille. Après quelques secondes, elle revenait vers moi et je tentais de cacher mon voyeurisme discret.

« Désolée, j’ai vraiment emprunté la première tenue qui étais à ta taille et qui ne faisait vraiment pas mode de Piltover. Maintenant tu sais, moi je trouve qu’elle te va bien et que tu devrais porter plus souv… »

Je n’avais pas terminée ma phrase, qu’elle avança pour tomber dans mes bras. Je la retinsse directement, ne la lâchant pas et la serrant contre moi.

« T’inquiètes cupcake, je te ramène chez toi. »

Prenant appuie, je la mise dans mes bras et commença à marcher alors que je la portais. Elle mettait sa tête contre mon corps, s’endormant alors que nous montions vers les Portes du Soleil. La foule qui se trouvait devant moi, était de plus en plus dense, ainsi que de plus en plus virulente. Beaucoup étaient armés et se faire une place devenait compliqué. A une ou deux reprises, je dû me fâcher pour qu’on me laisse passer. Ce fut pénible d’arriver jusqu’au barrage et je fus confronté à un autre problème devant eux. Déjà il était difficile de dire que Caitlyn était une de leurs collègues alors que nous étions encore dans la foule, puis les cris des autres Zauniens étaient si forts, qu’ils m’empêchaient de parler discrètement. Un Pacifieur me braqua avec une arme alors que je tentais de lui parler, en temps normal je l’aurai défoncé, mais là, j’avais surtout besoin de passer. Je pris dans ma main l’insigne et je la dirigeai vers lui discrètement en montrant Caitlyn qui était toujours évanouis dans mes bras. Mon cœur s’arrêta quand il indiqua aux autres à haute voix « C’est madame Kiramman », le gros bras à ma droite se retourna vers moi, puis il descendit le regard vers Cupacake. Bon, c’était terminé de vouloir le faire discrètement. Je mis un pied sur la barrière et m’en servis pour sauter au-dessus. Mon action entraina un regain d’espoir de la part des Zauniens qui se mirent aussi à grimper le barrage pour forcer le passage malgré la répression des Pacifieurs.

La course poursuite entre moi et les forces de l’ordre Piltoviens, fut facilitée par le débordement de la population de Zaun. Malgré les coups de feu, et les étreintes qu’on me lança, je sortis de la Porte du Soleil après quelques minutes, sécurisant bien Caitlyn contre moi. Je savais bien que les Pacifieurs étaient semés, mais, je continuais de courir vers la maison des Kiramman. Ma cupcake avait besoin de repos et de voir un médecin, pas le temps pour économiser du souffle. J’avais déjà largement perdue du temps sur le pont. Dans les Hauts Quartiers, l’agitation était tout autre. Des services d’urgences se dirigeaient vers l’explosion et plusieurs quartiers étaient fermés. Me servant du badge de Caitlyn, j’arrivais à me frayer un chemin, mais à un moment, un homme aux cheveux bleutés portant une barbe s’approcha de nous. Je le reconnaissais, c’était le père de Cait’.

« Monsieur … monsieur … elle a besoin de soin … elle a besoin de soin. Je ne sais pas exactement ses blessures, mais elle a était attaquée par des Zauniens. »

Il caressa le visage de sa fille tout en pleurant, avant de faire signe à des urgentistes de venir vers lui. Il me demanda de déposer Caitlyn qu’un grand lit à roues et commença à vérifier l’état de cupcake. Il me laissa venir avec lui, alors que nous marchions rapidement vers un grand bâtiment orné de croix.

« Monsieur … est-ce que vous … enfin … vous savez si votre femme est … »

La question était surement trop lourde pour lui, car il fondit en larme, ce qui m’obligea à ne pas lui demander plus de détails. Il continuait de caresser le visage de sa fille en pleurant.

J’étais plongée dans un noir sans fin. J’avais l’impression constante de tomber. Je ne voyais rien autour de moi, si ce n’est que du noir, encore et toujours. J’avais beau tendre les bras, attendre que quelqu’un me retienne, me prenne la main, m’empêche de tomber, mais personne ne vint. Je continuais de chuter, continuellement.

Je fini par me réveiller dans une pièce que je ne connaissais pas. Ce fut d’abord une lumière aveuglante que je vis en premier.  Je levais ma main, pour tenter de m’en protéger. Mon bras était douloureux. Le moindre de mes gestes me demandait un effort colossal.

Je compris vite où je me trouvais. Dans une salle de soin.  Je soupirais alors que je tentais de faire le point sur les événements récents. Mais le simple fait de tenter de me concentrer me donna une migraine atroce. Je n’appréciais guère me retrouver ici. Cela avait plutôt tendance à me provoquer de l’anxiété et j’avais plutôt tendance à éviter de me retrouver dans une salle comme celle-ci. Mais là, je devais l’avouer, je n’avais même pas la force de protester. Et … pour une raison qui me semblait encore inconnu, je me sentais en sécurité et apaisée.

Je pouvais sentir que j’avais été soignée. Probablement par mon père. Cela me rassura un peu. Au moins … Lui était là. Avec difficulté, je tournais ma tête, vers la gauche. Un sourire se dessinait sur mes lèvres, alors que j’aperçu Vi. Je compris alors pourquoi je me sentais étonnamment si calme, malgré mon angoisse des établissements de soin.   Elle avait posé sa tête sur ses bras, eux-même posés au niveau de mes cuisses. Elle semblait endormie. Je n’avais aucune idée de l’heure qu’il était, mais je supposais que la nuit était déjà bien avancée.

Lentement, ma main vint se perdre dans ses cheveux rosées. Elle semblait si apaisée et si sereine, ainsi endormie, que j’en fus presque attendrie. Je pris le temps de l’observer durant quelques minutes. Ce moment me semblait hors du temps, alors que je distinguais chaque traits de son visage. Si fins et durs à la fois. Elle portait les marques des souffrances endurées durant toutes ses années. Je me jurai intérieurement, que personne ne lui ferait du mal. Je me fis la promesse de la protégée.


“Vi …” dis-je doucement, lui caressant cette fois le visage.

J’aurai pu la laisser dormir, cependant, la position dans laquelle elle se trouvait n’était pas la plus confortable et elle risquait fortement d’avoir des douleurs dans le dos dès son réveil.


“Vi, réveille-toi… Tu vas te faire mal à rester ainsi courbée contre le lit.”  

Les heures qui suivirent étaient lourdes, longues, calme, mais terriblement douloureuse. Au début, j’avais pleuré en imaginant ce qui allait traverser l’esprit de Caitlyn, puis quand son père me rejoignit, je tentais tant bien que mal de le rassurer. L’état de cupcake était stable, mais lui allait mal. Je lui expliquais que j’avais perdu mes parents une première fois vers 6 ans, puis mon père adoptif. Je voulais lui dire que le deuil serait long et qu’il faudrait être fort, mais rien de plus ne sortis de ma bouche.

« Je … je vais prendre le relais, je … vais la surveiller … vous devriez vous reposer … »

Il semblait exténuer, comme si toute l’énergie qu’il avait été parti. J’entrais dans le couloir avant d’arriver dans la chambre ou Caitlyn se reposait. Elle dormait paisiblement recouverte d’une couette blanche. Il n’y avait pas de lumière, les bougies étaient éteintes, les volets fermés. Refermant la porte doucement, je portais ma main sur la sangle de mon gant Hextech et je le laissai se poser délicatement au sol. Je pris une chaise et m’installa à la gauche de cupcake. Son bras était sorti de sa couverture et je la caressais doucement ne voulant pas la réveiller. Même endormie, je la trouvais magnifiquement belle. A première vue, la tenue empruntée à la demoiselle était repliée sur un petit meuble de l’autre côté de la pièce. Elle devait porter une tenue de soin ou un truc du genre pour faciliter l’accès aux soignants. Je devais faire tache dans ce décor, une sale Zaunienne dans la pureté de cet hôpital Piltovien.

Une tache d’huile au milieu de l’eau.

Je prenais place sur la chaise et posa ma tête sur mes bras proches de ses jambes. J’étais crevée, complétement HS. Je n’avais pas soignée mes blessures suite au combat contre Sevika. Je ne m’étais pas remise de la confrontation contre Powder. Ni du fait d’avoir puisée dans mes ressources pour apporter Caitlyn ici. J’étais lamentable. Mes yeux se fermaient doucement alors que j’imaginais mon cupcake dans une autre situation. Nous étions dans une prison et mes mains étaient attachées dans mon dos. Une fourrure caressait mes poignets et je fus surprise de voir Caitlyn apparaitre en corset avec une jupe en cuir. Elle tenait un fouet dans la main et tentait de me faire avouer un méfait que j’avais fait. Elle posa sa main sur mon cou et me força à la regarder dans les yeux. L’autre poigne pris mes cheveux, les tirants en arrière. Une troisième main commença à me caresser le visage en m’appelant.

J’ouvrais les yeux et je pu voir le sourire de Caitlyn alors qu’elle s’inquiétait des douleurs que je pouvais avoir en restant dans cette position. Je me levais directement, m’approchant d’elle et la prenant dans mes bras. Je serais doucement sa tête contre mon torse.

« J’étais si inquiètes pour toi. Tu es restée longtemps inconsciente. »

Caressant ses cheveux, je mis fin au câlin après quelques secondes.

« Tu dois avoir soif, ou faim. Je vais voir si … je vais surtout aller prévenir ton père que tu es réveillée. Il était inquiet aussi. C’est lui qui … j’imagine que c’est lui qui t’a soignée en fait. »

Je n’avais pas la force de lui dire pour sa mère. Je ne voulais pas la blesser, pas être la cause de son malheur. Avant de sortir de la chambre je lui fis un sourire, puis rapidement je me mis à chercher dans les couloirs l’endroit où son père aurait pu dormir. Ouvrant les portes les unes après les autres, m’excusant du dérangement à chaque fois. Un médecin s’approcha de moi, me demandant d’arrêter.

« Je cherche monsieur Kir … euh … Kiremane, sa fille est réveillée. »

Il me demandait de retourner à la chambre, qu’il allait faire le nécessaire. Mais, je me rendis bien compte en arrivant au niveau de Caitlyn, que c’était trop tard. Elle pleurait dans les bras de son père, alors que lui aussi ne pouvait retenir ses larmes. Je restais ainsi quelques instants au niveau de la porte, ne voulant pas m’incruster dans cette douleur familiale. Je me sentais de trop, je me sentais fautive. J’étais la sœur de Powder, je n’aurais jamais de place parmi eux, rien ne serait arrivé à Piltover si j’avais su cadrer ma sœur.

Non, je n’avais ni faim, ni soif. J’aurai voulu, que ce moment, niché au creux des bras de VI perdure. C’était ce dont j’avais besoin. Rien de plus. Mais je n’eu pas le temps de le lui dire, qu’elle était déjà partie en quête de ce qu’elle pensait de mon bien-être.

Je me retrouvais seule, dans cette salle effrayante. Je me redressais. De ma position couchée, de me mis assise au bord du lit, regardant mes pieds nus qui ne touchaient pas le sol. Je pouvais voir une partie de mes jambes parsemées d'hématomes et diverses blessures. Le changement de position me provoque une douleur dans mes côtés qui me fit grimacer sur le moment.

J’attrapais les draps fins entre mes doigts, par geste d’anxiété. Je ne voulais pas être seule, je ne voulais pas être dans cette pièce. Je devais sortir, partir. Je ne voulais pas être ici. Dégageant la couverture dans le but de me lever, je fus arrêtée par l’ouverture brutale de la porte. A son seuil, je vis mon père dont les traits du visage étaient tirés par une fatigue extrême. Il ne dit rien et se précipite vers moi pour me prendre dans ses bras.

“Papa … je vais bien.” dis-je dans le but de l’apaiser.

Mais je le sentais sangloter contre moi. Jamais je n’avais vu mon père aussi meurtri. Il y avait quelque chose. Quelque chose de plus grave. Puis, dans mon esprit, les images de la tour du conseil revinrent. J’écarquillais les yeux, alors que d’une voix faible, j’osais poser la question.

“Papa … où est Mère …?”

Les seules réponses que j'ai reçues, ce ne sont que des sanglots, plus forts encore. Et je compris. Je compris que mon monde s’était totalement écroulé et ne serait plus jamais le même. Des larmes perlaient sur mes joues. Mais je n’eu pas la force de pleurer davantage. Je devais rester forte. Pour mon père. Pour les Kiramman’s.

Un infirmier entra en furie dans la chambre. Il semblait affolé et à bout de souffle. Il informait mon père qu’un de ses patients avait urgemment besoin de lui. Il me regardait, comme pour me demander mon approbation.

“Je vais bien. Ne te soucie pas de moi, on a besoin de toi. Et de toute façon, je sais que VI est là pour moi, d’accord?”

Je lui offris un sourire. Un faux sourire, mais un sourire tout de même. Il sécha ses larmes et reprit son rôle de médecin en chef, allant sauver des vies. Pendant que moi, j’étais cloîtrée dans ce lit de malheur. Je devais me lever. Je ne voulais pas rester ici.

Je suis mis debout. Mais mes jambes n’étaient pas encore capables de me porter et aussitôt je tombais à terre. Je frappais le sol du point, alors que mes yeux étaient encore noyés de larmes. Je tentais de me relever avec peine, me servant du mobilier comme appuis.
Je me levais la tête vers l’entrée de la chambre, où j'aperçus VI. Je tentais de m’approcher d’elle.

“Vi … Je … je peux te demander de rester encore un peu … avec moi ? S’il te plait”

Il n’y avait rien de bien qui tournait dans ma tête là, je tentais surtout de remonter les événements dans ma tête pour savoir où j’aurais pu éviter tous ce qui venait de se passer. Je cherchais un scénario qui aurait pu mettre Powder sur le bon chemin, un scénario qui aurait fait moins de morts. Moins de victimes. Moins de Jinx. Moins de douleur pour celle qui était dans cette chambre. Je ne me rendis même pas compte que le père de Caitlyn était passé à côté de moi, me tapant sur l’épaule au passage et me remerciant, ni que ma cupcake ne savait pas se relever. Elle avait besoin d’aide et moi je ne lui apportais que des problèmes. Elle me parla, me demandant de rester auprès d’elle le plus longtemps possible et ses mots me firent sortir de mes pensées.

« Ouais … je reste … je reste aussi longtemps que tu as besoin … je reste auprès de toi … »

Je m’approchais d’elle en disant ça et délicatement, je l’aidais à se lever. Vraiment le plus délicatement possible. La pauvre, elle tenait à peine debout, j’aurai voulu la chérir, la câliner.

« T’inquiètes pas … je te laisserai plus tomber. Hors de question que je t’abandonne. Je … je peux t’aider dans ton job aussi si tu veux … avec les gants qu’à fait faux beau gosse, y’a moyen qu’on se batte ensemble … qu’on deviennent partenaires ... qu’on … je sais pas … qu’on établisse un monde plus juste … ou … ou y’aurais plus personnes qui souffrirait. »

J’aurai voulue lui promettre que plus personne n’allait mourir, mais je n’osais pas utiliser ce mot. J’avais trop peur de la voir pleurer à nouveau. Je l’aidais à s’asseoir sur le lit et je me mise à côté d’elle. Elle avait toute la liberté de pouvoir poser sa tête contre moi. Après plusieurs minutes ainsi, sans parler, je me levais et m’approchais de ses vêtements pour les prendre, il s’agissait toujours des fringues que j’avais empruntée un peu plus tôt.

« Je suis désolée … pour ce qui viens de se passer … je comprendrais que tu ne veuilles plus me voir du tout aussi … j’ai l’impression j’m’incruste dans ta vie et j’y fou le bordel. Je sais pas quoi te dire d’autre, je suis désolée. »

Je me mise assise à côté d’elle à nouveau.

« Tu veux de l’aide pour t’habiller ? »

Lorsque VI vint se mettre à mes côtés, je vins poser ma tête contre son épaule, fermant les yeux. Aucune de nous deux parlaient. Nous restions ancrés dans un mutisme, car probablement, aucune de nous ne savait quoi dire de cette situation. J’avais voulu rassurer VI, mais je n’en étais pas vraiment capable. A la place, ma main s’était glissée dans la sienne. Je resserais légèrement ma prise. Je ne disais rien, mais mon corps parlait pour moi. Je ne voulais pas qu’elle parte. A aucun moment. J’avais besoin d’elle.

Cet instant fut finalement rompu par VI, qui s’était levé, se dirigeant vers mes vêtements empruntés. Je la regardais, alors qu’elle me proposait de l’aide pour m’habiller.

“Je ne suis pas encore assez handicapée pour ne pas pouvoir m’habiller, VI. Mais tu sais, les médecins ne me laisseront pas partir si vite. Je … je suis désolée, mais je ne peux pas partir ce soir. Ils ne veulent pas me laisser sortir avant que tout soit réglé.”

Je la regardais, avec une mine un peu triste et je me rendis compte de mon égoïsme. Vi ne voulait peut-être pas rester. Je me mordillais la lèvre inférieure, alors que je ressentais à nouveau cette boule au creux de mon ventre, cette angoisse de me retrouver seule entre ses murs blancs.

“Je … Tu n’es pas obligé de rester VI. Excuse-moi. Tu … tu as probablement des choses bien plus importantes à faire que de rester aux côtés d’une infirme et tu as déjà fait beaucoup de choses pour moi. Je ne te remercierai jamais assez pour ce que tu as fait.”

Je laissais mon regard se perdre vers le sol. Je ne savais pas vraiment où regarder et je ne voulais pas que Vi ne voit la tristesse dans mes yeux. Je ne voulais pas qu’elle se sente obligée de rester si elle ne le voulait pas, ni même lui faire pitié.

Je ne voulais pas lui dire, qu’en réalité mon souhait le plus cher actuellement, était qu’on s’allonge toutes les deux dans ce lit et qu’on y passe la nuit ensemble, sans jamais se quitter. Sa présence m’apaisait, d’une façon que je ne saurais décrire. Elle était tout ce que je désirais en cet instant, pouvoir me poser contre elle, dans ses bras protecteurs, ma tête contre son épaule et simplement me poser, faire le vide dans ma tête et fait fit de tout ce qui ce se passait actuellement autour de moi.

Je finis par relever la tête, regardant la Zaunienne. D’une main peu sûre, je viens chercher la sienne et tentait de me livrer à elle, chose qui me paraissait bien plus compliqué que je le pensais.

[color=#8B08A8]« Cependant, j’apprécierai que tu restes. Je n’aime pas du tout ce genre d’endroit et … être avec toi me permet de supporter un peu mieux ma présence ici. »

J’espérais vraiment qu’elle accepte. Qu’elle reste à mes côtés. Ma main resserrait un peu sa prise mais elle avait toujours la possibilité de la lâcher si elle le souhaitait. Je ne la retenais nullement prisonnière.

En cette nuit, je compris à quel point VI était importante pour moi, à quel point elle avait une pris une place incommensurable dans ma vie en si peu de temps. Nous avions traverser tant de chose ensemble et quelques choses en moi me disait que ce n’était que le début d’un long chemin à parcourir. Mais VI devait rester à mes côtés. Ici à Piltover. Je ne voyais pas d’autre alternative.

Je m’empourprais quand Caitlyn me répondit, je rougis de ma propre bêtise. Bien sûr que non qu’elle n’était pas handicapée à mes yeux, mais j’aurais voulu lui éviter des gestes inutiles, de perdre le peu d’énergie qu’elle avait. Lui être utile et briller à ses yeux. Comme quand nous étions venues chez elle pour la première fois et que je l’avais portée depuis la porte du Soleil. Être un pilier pour elle.

« Oui, bien sûr, je comprends, tu viens d’arriver, c’est tôt pour partir. Je … je ne m’y connais pas trop en hôpital, on n’en a pas vraiment dans les bas-fonds. Au mieux, nous avons des maisons de soins quand la communauté compte une bonne personne qui veut bien soutenir les autres. Une fois, enfin … quand j’étais petite … j’ai perdu un combat et … Vander … mon père … m’a conduite chez une vieille femme qui m’a recousue et gardée pour la nuit. »

Pour me donner de la contenance alors que je racontais ça, je jouais avec une chaise la balançant en appuie sur un seul pied. Je pense que je n’avais jamais encore eu l’occasion de parler de mon père à Caitlyn. Alors que je ne m’y attendais pas, Cupcake me proposa de partir, m’indiquant que j’avais déjà fait beaucoup pour elle et qu’elle me remerciait pour ça. Sur le coup, une boule se forma au niveau de mon ventre, signe d’une angoisse devant ses propos.

« Non … je … non, comme je te disais je serais ravie de continuer à être avec toi. Tu pourrais avoir besoin de bras. Ou juste d’une amie … Puis, après toutes ses années de prisons, je ne … je n’ai plus de famille en bas. Et … et … et moi aussi, j’aurais besoin d’une amie … »

La shérif me prit la main, tentant de me faire passer un message silencieux. Son contact était doux et rassurant, faisant partir la boule d’angoisse.

« Je reste. »

Il n’y avait pas besoin de réfléchir et ma réponse, fut nette, précise et indiscutable. Je lui fis un sourire en coin spécial Caitlyn, puis un clin d’œil.

« Je reste, y’a pas de soucis. Je te quitterais pas de la nuit, t’inquiètes Cupcake. »

Rigolant, j’ajoutais.

« Tu vas devoir me supporter encore longtemps. »

M’asseyant à côté d’elle, je confirmais mes propos en serrant un peu plus sa main. Je souriais bêtement, comme si sa demande effaçait les horreurs de ses derniers jours. Comme si sa présence enlevée les ombres qui étaient sur mon cœur.

« Tu devrais te reposer, tu as quand même eu des épreuves difficiles aujourd’hui et … je pense que tu dois dormir. »

Sous son regard, je me mise entièrement dans le lit, m’appuyant bien sur l’oreiller et m’allongea, gardant toujours mes chaussures et mes vêtements. Je lui fis signe de s’approcher et de venir sur moi en tapotant mon ventre.

« Je vais veiller sur ton sommeil, y’aura pas le moindre cauchemar qui viendra te perturber. Puis je dois être super confortable comme coussin. Enfin je … pense … »

J’espérais au fond de moi, ne pas faire de bêtise en lui proposant ça.